Le travail de Victor est en lien direct avec son rapport au spectateur. Ses pièces n’exigent que la capacité de surprise. Il défend un mélange d’art et d’urbanisme plastique se mettant en total contradiction avec la nouvelle mouvance du génie civil autoritaire. Cette mouvance qui feinte la forme plastique, s’appropriant un design triste et qui se sert de la matière pour déplacer les populations les plus précarisées en dehors des centres-villes.
Victor Gorini s’efforce d’accueillir un cœur de spectateur aussi large que possible. Il a pour cela pris pendant plusieurs années l’image de l’oiseau et de son chant dans de nombreuses propositions. Tantôt photographique ou sculptural, tantôt mécanique ou inerte, il admet dans la figure de l’oiseau un quotidien caché et un désir de pudeur des choses belles. C’est avec des gestes simples et une virtuosité technique qu’il « surligne l’arrière-plan oublié » de son environnement quotidien.
C’est précisément cette discrétion à la limite de l’effacement que l’artiste pour sa première exposition individuelle a voulu travailler.
Venant sublimer l’espace de la galerie et ses alentours, VB3R (onomatopée d’une vibration) est un apport visuel et sonore à un environnement urbain désœuvré.
Victor porte sur ses épaules la poétique singulière du coin où les gens vont pisser ou de la décharge pour objets encombrants. Il la signale, et par essence la rend vivante. Ce faisant, il compose non seulement avec l’espace de la galerie mais aussi avec les objets morts qui entourent les murs de DTC Haussmann.
« Ce qui rend vivant les choses ? C’est ce qui casse leur passivité, ce qui débloque leur immobilité ou leur silence. »
L'autorité esthétique des œuvres d’arts leurs confèrent une mouvance philosophique malgré leurs stabilité mécanique. Néanmoins, et même si la volonté de l’artiste est de les voir s’activer grâce et pour le regard du spectateur, souvent elles restent paysage. Victor Gorini autorise au spectateur un joker, un coup de pouce ou une intrigue dans son travail, quelque chose qui mène sur une piste.
Quelle est-elle cette piste ?
Peut-être la passivité mobile des êtres impliqués dans l’espace urbain uniquement que pour servir l’économie de marché, peut-être l’incapacité de ne pas réagir face à la vibration d’un smartphone même si ce n’est pas le sien ou bien peut-être qu’il a voulu fabriquer un gros dildo.
L’artiste reste vague à ce sujet.
//Texte de curation de l'exposition VB3R - Notifier une présence
//Ecrit par Samuel Allouche